La musique n’est pas seulement un loisir ou un art : pour de nombreux chercheurs, c’est un sujet d’étude très sérieux. De plus en plus s’intéressent à cette discipline relativement récente que l’on appelle « musicologie » : en quoi consiste-t-elle précisément ? Voici quelques explications pour les curieux…
La musicologie, une science à part entière
Considérée comme une véritable science, la musicologie s’attache généralement à étudier la musique dans un esprit neutre, détaché de toute notion « qualitative ». Selon un maître de conférences de l’Université Rennes 2, Bruno Bossis, cette discipline implique une observation digne de celle que pourrait faire un astrophysicien face à une pierre lunaire, par exemple[1] !
Si les instruments peuvent faire l’objet d’études en musicologie, ils ne sont pas toujours au centre des préoccupations. En effet, ces scientifiques s’intéressent aussi énormément à l’acoustique et à la dimension spectrale, ou encore à des notions aussi techniques que la morphologie musicale.
Quand ils se focalisent sur les instruments, ils y réfléchissent avec un point de vue extrêmement spécifique : les musicologues peuvent ainsi s’interroger au sujet des vibrations dans l’air émises par une clarinette, et de la manière dont elles peuvent influencer sur la performance pendant une représentation.
Encore plus étonnant, ces chercheurs peuvent travailler pour agrandir le champ d’un instrument, lui permettre de jouer des notes qui sortent de sa tessiture habituelle.
Une approche technique de la musique, sans négliger sa dimension esthétique
Il ne faut pas croire que les musicologues s’attachent simplement à étudier la musique avec un regard purement détaché et scientifique. Extrêmement complète, leur discipline implique aussi de réfléchir à différents enjeux sociaux ou artistiques propres au domaine. En ce sens, beaucoup de chercheurs étudient le développement des nouvelles technologies, et notamment de la musique assistée par ordinateur. Ils cherchent à répondre à plusieurs questions : est-ce que ce genre de pratique fait émerger de nouveaux genres, ou simplement de nouvelles manières de produire dans des styles déjà existants ? Dans quelle mesure le développement de la MAO peut-il permettre à un nombre plus important de passionnés de se lancer dans la composition ? L’essor d’Internet permet-il de stimuler la créativité, si oui, de quelle façon ?
Finalement, la musicologie est une science extrêmement complexe. Dans les faits, elle s’attache à observer des phénomènes de manière rigoureuse, en respectant une démarche qui doit obligatoirement se détacher des visions individuelles du monde. Mais paradoxalement, elle traite aussi d’un sujet qui touche aux émotions les plus profondes, pour lequel il ne faut pas bloquer ses sensations, car elles ont aussi beaucoup à nous apprendre… Un musicologue doit donc jouer l’équilibriste entre ces enjeux qui peuvent sembler paradoxaux pour les néophytes !
La musicologie se présente comme une discipline que l’on peut notamment étudier dans certains cursus universitaires. Pour quelqu’un qui ne souhaite pas seulement prendre des cours de guitare à domicile, mais aussi pouvoir enseigner la musique plus tard, il est particulièrement utile de suivre ce genre de parcours permettant d’avoir au bout du compte une licence, un master et pourquoi pas de publier sa propre thèse et d’avoir un doctorat.
[1] https://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/254/dossier/la-science-de-la-musique